Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Il y a quelques semaines, un sujet à propos du jugement du fait de porter ou d'accrocher un talisman a été envoyé.
Voici le sujet : Le fait d’accrocher ou de porter sur soi un talisman
Les savants sont en consensus sur l'interdiction des talismans qui ne contiennent pas uniquement du Coran, des invocations prophétiques ou des Noms d'Allah.
(Fatawa Al Lajna Daima vol 1 p 212 ; Charh Fath Al Majid de Cheikh Saleh Al Cheikh vol 1 p 321)
Une question se pose, si le talisman ne contient que du Coran ou des invocations prophétiques, quel est son jugement ?
La réponse est que les savants ont divergé sur deux avis sur ce point.
Le premier avis : Les talismans qui ne contiennent que du Coran ou des invocations prophétiques sont permis
Ceci est l'avis de l'école Hanafite, de l'école Malikite, de l'école Chafi'ite et une version de l'imam Ahmed.
(Al Mawsou'a Al Fiqhiya Al Koweitiya vol 14 p 30)
Par contre, il faut préciser que beaucoup des savants qui sont d'avis que ce type de talismans est permis disent qu'ils ne sont permis qu'après avoir été touché par un malheur et pas avant.
Ceci est, entre autres, l'avis de l'imam Malik, un des avis de l'imam Ahmed et l'avis de l'imam Ishaq Ibn Rahawayh.
(Voir Al Tamhid de l'imam Ibn 'Abdel Bar vol 17 p 160/161, Al Istidhkar de l'imam Ibn 'Abdel Bar vol 26 p 363 et Al Adab Ach Char'iya de l'imam Ibn Mouflih vol 2 p 444)
D'après Al Qasim Ibn Mouhammad, 'Aicha (qu'Allah l'agrée) a dit : « Le talisman n'est pas la chose que l'on s'accroche après le malheur, le talisman est la chose que l'on s'accroche avant le malheur ».
(Rapporté par Al Hakim dans son Moustadrak n°7586 qui l'a authentifié selon les conditions de Boukhari et Mouslim et l'imam Dahabi l'a approuvé. Il a également été authentifié par l'imam Nawawi dans Al Majmou' vol 9 p 74)
عن القاسم بن محمد قالت عائشة رضي الله عنها : ليست التميمة ما تعلق بعد البلاء إنّما التميمة ما تعلق قبل البلاء
(رواه الحاكم في المستدرك رقم ٧٥٨٦ و صححه على شرط البخاري و مسلم ووافقه الذهبي و صححه أيضاً الإمام النووي في المجموع ج ٩ ص ٧٤)
D'après Yahya Ibn Sa'id : Sa'id Ibn Al Mousayib (mort en 94 du calendrier hégirien) ordonnait d'accrocher le Coran et il disait : « Il n'y a pas de mal à cela ».
(Rapporté par Al Bayhaqi dans As Sounan Al Koubra n°19612 et authentifié par l'imam Nawawi dans Al Majmou' vol 9 p 74)
عن يحيى بن سعيد قال : كان سعيد بن المسيب يأمر بتعليق القرآن وقال : لا بأس به
(رواه البيهقي في السنن الكبرى رقم ١٩٦١٢ وصححه الإمام النووي في المجموع ج ٩ ص ٧٤)
D'après Firas, Ach Cha'bi (mort en 100 du calendrier hégirien) a dit : « Il n'y a pas de mal dans les formules de protections qui contiennent du Coran que l'on accroche sur une personne ».
(Rapporté par l'imam Ahmed dans Al 'Ilal Wa Ma'rifa Ar Rijal n°5494 et authentifié par Cheikh Wasiyou Allah 'Abbas dans sa correction de ce livre vol 3 p 338)
عن فراس قال الشعبي : لا بأس بالتعويذ بالقرآن يُعلّق على الإنسان
رواه الإمام أحمد في العلل و معرفة الرجال رقم ٥٤٩٤ وصححه الشيخ وصي الله عباس في تحقيق هذا الكتاب ج ٣ ص ٣٣٨)
D'après Ja'far : Abou Ja'far Al Baqir (mort en 114 du calendrier hégirien) ne voyait pas de mal dans le fait d'écrire le Coran dans une peau d'animal qui a été tannée puis de l'accrocher.
(Rapporté par Ibn Abi Chayba dans son Mousannaf n°24012 et authentifié par Cheikh Souleyman Ruheili dans Charh Kitab Tawhid p 336)
عن جعفر عن أبي جعفر الباقر أنّه كان لا يرى بأساً أن يكتب القرآن في أديم ثمّ يعلّقة
(رواه ابن أبي شيبة في المصنف رقم ٢٤٠١٢ و صححه الشيخ سليمان الرحيلي في شرح كتاب التوحيد ص ٣٣٦)
Remarque : Il a été rapporté du compagnon 'Abdallah Ibn 'Amr Ibn Al 'As (qu'Allah les agrée lui et son père) qu'il accrochait aux cous de ses enfants en bas-âge une invocation prophétique.
(Voir le Mousnad de l'imam Ahmed n°6696)
Mais la chaîne de transmission de ce récit n'est pas authentique.
(Voir la Silsila Sahiha de Cheikh Albani vol 1 p 529)
Le second avis : Les talismans qui ne contiennent que du Coran ou des invocations prophétiques sont interdits
Ceci est l'avis de l'imam Ahmed dans une seconde version rapportée de lui.
(Masail Ahmed Wa Ishaq Ibn Rahawayh Bi Riwaya Ishaq Ibn Mansour n°386 p 755)
Les savants qui sont de cet avis argumentent par le fait que les textes prophétiques concernant l'interdiction des talismans sont généraux et ainsi comprennent également les talismans ne contenant que du Coran ou des invocations prophétiques.
Ils argumentent également par le fait qu'il est nécessaire de fermer la porte aux talismans contenant de l'association à Allah en interdisant ce type de talisman et par le fait que le Coran risque de ne pas être respecté s'il est écrit dans un talisman (c'est à dire qu'il risque d'être touché par des impuretés ou que la personne va rentrer aux toilettes avec...).
(Voir Fath Al Majid à partir de la page 136 ; Taysir Al 'Aziz Al Hamid à partir de la page 327)
D'après Ibrahim : 'Abdallah Ibn Mas'oud (qu'Allah l'agrée) interdisait que l'on accroche quoi que ce soit du Coran.
(Rapporté par Ibn Abi Chayba dans son Mousannaf n°23930 et authentifié par Cheikh Souleyman Ruheili dans Charh Kitab Tawhid p 337)
عن إبراهيم عن عبدالله بن مسعود رضي الله عنه ء انّه كره تعليق شيء من القرآن
رواه ابن أبي شيبة في المصنف رقم ٢٣٩٣٠ و صححه الشيخ سليمان الرحيلي في شرح كتاب التوحيد ص ٣٣٧)
D'après Al Moughira, Ibrahim An Nakha'i (mort en 96 du calendrier hégirien) a dit : « Ils interdisaient (*) tous les talismans qui contiennent du Coran ou pas ».
(Rapporté par Ibn Abi Chayba dans son Mousannaf n°23933 et authentifié par Cheikh Albani dans sa correction de Al Kalim Tayib p 85)
(*) Certains savants ont dits qu'il visait par cela les compagnons du Prophète (qu'Allah les agrée tous) et d'autres savants ont dits qu'il visait par cela les élèves de 'Abdallah Ibn Mas'oud (qu'Allah l'agrée).
عن المغيرة قال إبراهيم النخعي : كانوا يكرهون التّمائم كلَّها من القرآن و غير القرآن
(رواه ابن أبي شيبة في المصنف رقم ٢٣٩٣٣ و صححه الشيخ الألباني في تحقيق الكلم الطيب ص ٨٥)
D'après Younous Ibn 'Oubeid : Al Hassan Al Basri (mort en 110 du calendrier hégirien) interdisait que l'on lave le Coran et que l'on donne ensuite l'eau à boire au malade (*) et que l'on accroche le Coran.
(Rapporté par Abou 'Oubeid dans son Fadail Al Qur'an n°862 et authentifié par Cheikh Albani dans sa correction de Al Kalim Tayib p 85)
(*) C'est à dire que par exemple on écrit des versets du Coran avec du safran sur une assiette et on lave les versets avec de l'eau puis on donne l'eau à boire au malade.
عن يونس بن عبيد عن الحسن البصري أنّه كان يكره أن يغسل القرآن ويسقاه المريض أو يتعلّق القرآن
(رواه أبو عبيد في فضائل القرآن رقم ٨٦٢ وصححه الشيخ الألباني في تحقيق الكلم الطيب ص ٨٥)
D'après Ibn 'Awn : Ibrahim An Nakha'i (mort en 96 du calendrier hégirien) interdisait les formules de protection pour les enfants (*) et il disait : « Certes ils rentrent avec elles aux toilettes ».
(Rapporté par Ibn Abi Chayba dans son Mousannaf n°23942 et sa chaîne de transmission est authentique comme ceci est mentionné dans l'ouvrage Aqwal At Tabi'in Fi Masail At Tawhid Wal Iman n°861)
(*) C'est à dire celles que l'on accroche aux enfants.
عن ابنِ عَون عن إِبْرَاهِيمَ النخعي أَنَّهُ كَانَ يَكْرَهُ الْمَعَاذَةَ لِلصِّبْيَانِ وَيَقُولُ : إِنَّهُمْ يدخلون به الخلاء
(رواه ابن أبي شيبة في المصنف رقم ٢٣٩٤٢ وسنده صحيح كما في كتاب أقوال التابعين في مسائل التوحيد والإيمان رقم ٨٦١)
Conclusion : Le plus prudent est de sortir de la divergence et de ne pas porter de talisman même s'il n'est écrit dessus que du Coran ou des invocations prophétiques et de s'en tenir à ce qui est apparent dans les hadiths du Prophète (que la prière d'Allah et Son salut soient sur lui) qui est la lecture du Coran et des invocations et pas le fait de les accrocher.
L'imam Ibn Al 'Arabi Al Maliki (mort en 543 du calendrier hégirien) : « La seule chose que la Sounna mentionne à propos du Coran est la lecture et pas le fait de l'accrocher ».
('Aridatoul Ahwadhi vol 8 p 222)
De plus, ceci est également plus prudent car certains sorciers et charlatans profitent de l'ignorance des gens pour leur donner des talismans contenant de l'association à Allah en leur disant qu'ils ne contiennent que du Coran.
(Voir par exemple Charh Fath Al Majid de Cheikh Saleh Al Cheikh vol 1 p354) |